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Janvier 2015

 Uncategorized

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Janvier 2015

Chers amis,
Avant tout je vous présente tous mes vœux pour une paisible et heureuse nouvelle année.

Cela fait désormais un an que nous avons commencé à distribuer aux écoles d’Haïti le CD et le DVD de Lanbi Konnen (« le Lanbi a sonné »), la chanson qui est le fer de lance dans notre combat contre l’esclavage des enfants en Haïti et qui devient actuellement l’hymne à la liberté des enfants Restaveks du pays. Une année après ce lancement, je suis fier et heureux de vous informer que des dizaines de milliers d’enfants ont appris la chanson dans leur école et que ces derniers l’enseignent à leur tour à leurs frères et sœurs plus petits, à leurs amis, à leurs voisins. C’est une véritable révolution sociale qui a été initiée dans le pays.

Avant cette initiative, lorsque qu’un jour j’ai demandé à environ 200 enfants de différentes écoles, combien parmi eux auraient un restavek chez eux lorsqu’ils seraient adultes, environ la moitié répondaient positivement. Je décidais alors de rétribuer des professeurs afin qu’ils enseignent cette chanson à ces mêmes enfants. Deux semaines plus tard, alors que je les rencontrais à nouveau, aucune main ne s’est levée lorsque j’ai reposé la même question. J’ai compris ce jour-là que j’avais trouvé par le biais de cette chanson une arme efficace dans le combat contre l’esclavage des enfants et je décidais de poursuivre l’expérience à l’échelle nationale.

L’idée d’une chanson pour changer les mentalités m’est venue en février 2010, quand je compris que vouloir changer les adultes était un combat stérile : s’il est impossible de changer la mentalité ou la culture des adultes, on peut en revanche efficacement ouvrir les yeux et les esprits des plus petits pour moderniser la société de demain, lorsque ces mêmes tous petits arriveront à l’âge adulte avec un regard transformé sur le problème.

Lorsque j’étais enfant dans les années 60, une ritournelle que j’entendais très souvent m’avait terriblement marqué : Sur le Pont d’Avignon. Alors que je fus victime de trafic d’être humain par mon « importation » sur le territoire américain à seule fin de continuer d’y servir en tant qu’esclave, cette chanson restait gravée en moi, presque comme si j’étais né en la connaissant. Ce ne fut que lorsque j’allais enfin à l’école aux Etats-Unis que j’appris que Avignon était une petite ville située en France et que je me mis à rêver de découvrir cette ville et son fameux pont. Je réalisais enfin ce rêve dans les années 80, Le Pont d’Avignon m’avait fait traverser l’océan! Cinquante ans plus tard, cette chansonnette du répertoire français pour enfants n’est plus enseignée mais aujourd’hui, c’est par milliers que les enfants d’Haïti chantent Lanbi Konnen, la chanson qui est sur le point de devenir le pont que les enfants en servitude vont enfin traverser pour trouver la liberté dans une Haïti moderne.

L’organisation d’une conférence pour expliquer aux directeurs d’établissements à quel point il est impératif d’enseigner la chanson aux élèves est un véritable challenge. Après avoir trouvé un lieu, ce qui n’est déjà pas une mince affaire, il faut trouver le moyen de faire parvenir les invitations aux intéressés (n’oublions pas qu’il n’y a pas de poste traditionnelle et que personne ou presque n’est équipé d’ordinateurs, aussi les emails sont aussi inenvisageables que le courrier postal). Puis il faut organiser la réception stricto sensu : louer des chaises, un générateur pour l’électricité afin de projeter la video et les films des enfants de différentes écoles qui chantent, un micro, un écran, des chaises, des tables, des boissons, de la nourriture, de l’eau. Il faut penser également aux « prix » qui seront remis aux participants, car avouons-le, ils viennent essentiellement pour cela. Tout ceci semble si facile et rapide à réaliser dans nos pays modernes, mais là-bas chacune des choses décrites précédemment est terriblement longue, fastidieux et aléatoire à mettre en place.

La conférence est alors organisée selon le schéma suivant : d’abord le Notre Pèrepuis le chant de l’hymne national Haïtien. Je présente alors mon parcours, d’enfant restavek au citoyen américain aujourd’hui devenu la voix des enfants en servitude puis j’explique l’importance que revêt l’enseignement de cette chanson. Un choeur d’enfants entonne alors Lanbi Konnen et une copie papier des paroles de la chanson est distribuée au public. La conférence se termine par la distribution de nombreux prix : stylos, calculettes, sacs, chaussures, et un prix prestigieux, un PC Dell offert par la société AXA qui m’apporte un soutien extrêmement précieux.

Deux semaines environ après la conférence, je reçois de très nombreux appels des chefs d’établissements qui me demandent de venir voir leurs élèves chanter la chanson. (https://www.youtube.com/watch?v=tmBVxIS7kwY) C’est à chaque fois une intense émotion pour moi que d’entendre des centaines de nouveaux élèves chanter cet hymne aux droits de l’enfant.

Aujourd’hui 250,000 enfants ont appris Lanbi Konnen en Haïti. Notre but est d’arriver à un million d’enfants à travers le pays.

Le travail porte aujourd’hui les fruits espérés, enfin. C’est grâce à votre soutien continu pour lequel je vous renouvelle mes sincères et chaleureux remerciements.

Jean-Robert Cadet

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Si vous étiez un enfant restavek vous seriez très probablement L’un des 300 enfants haïtiens considérés comme des travailleurs mineurs maintenus en situation d’esclavage
Si vous étiez un enfant restavek, il est plus probable que vous auriez faim faute de pourvoir vous nourrir suffisamment. Par ailleurs votre nourriture n'aurait pas les valeurs nutritionnelles nécessaires à quelqu'un qui travaille dur toute la journée
Si vous étiez un enfant restavec, il serait probable que :
Vous habitiez en ville dans une famille à laquelle vous n'appartenez pas en tant qu’enfant adoptif mais comme leur serviteur.
Si vous étiez un enfant restavec, aucun de vos doits ne serait respecté.
Si vous étiez un enfant restavec, vous seriez plus probablement âgés :Entre 5 et 15 ans et sans enfance.
Si vous étiez un enfant restavec,
Vous seriez victime d’abus physiques, émotionnels et sexuels